À la rencontre de : Karim Diop, Coach Player Development

Le 21/06/2021 par Théo

Blog À la rencontre de : Karim Diop, Coach Player Development

Peux-tu te présenter, toi et ton parcours, ce que tu fais aujourd’hui?

Je m’appelle Karim Diop, j’ai 42 ans. J’ai rejoint cette saison l’équipe de Lattes Montpellier en tant que membre du staff responsable du travail individuel. J’ai également des fonctions en ce qui concerne la formation. Je m’occupe des U15 élite et je suis directeur technique de la partie amateur du club. Concernant mon parcours, depuis 2013 je me suis lancé dans le travail individuel auprès de joueurs pros comme Jérémy Nzeulie, avec des jeunes qui sont dans des centres de formation à l’ASVEL où qui jouent aux États-Unis, filles et garçons confondus. Mon premier contact avec le monde pro – il y a longtemps maintenant – c’était en 2005 au Paris Basket Racing. Je m’occupais de la vidéo – j’ai fait ça pendant 2 ans. J’ai ensuite pas mal vadrouillé dans différentes régions de France comme assistant.

Pourquoi le coaching individuel est-il aussi important dans un sport collectif comme le basket?

Pour moi, il y a deux aspects très importants. Premièrement, développer des compétences nécessaires à la performance et les développer pour répondre aux attentes. Ensuite, il y a toujours un projet individuel au sein du projet collectif, c’est aussi intéressant pour le joueur d’avoir un espace dans lequel il puisse s’épanouir, individuellement et en équipe, car chaque joueur doit répondre aux attentes du coach. Il y a beaucoup de systèmes aujourd’hui où les coachs essaient quand même de maximiser le potentiel d’un joueur pour qu’il soit le plus à l’aise possible au sein du cadre collectif.

Quelle est ta position en tant que Coach Player Development? Plutôt très proche des joueur.euse. s, en adoptant une position d’intermédiaire avec le staff, ou plutôt comme un véritable adjoint qui travaille en étroite collaboration avec le coach?

Je suis en permanence avec les coachs, avec l’assistant en place, dans le bureau des staffs, toute la journée… C’est important d’être avec eux au quotidien parce qu’il faut établir une vraie relation. Et puis si je veux être efficace dans mon travail, il faut toujours aller dans le même sens que le coach. Il y a des plages le matin de travail individuel où l’on peut les solliciter parfois une demi-heure avant l’entrainement collective ou sur d’autres moments qui sont libres. Mais j’essaie d’être le plus possible en contact avec le staff pour bien orienter ces sessions et être en lien avec les demandes tactiques du coach.

Peut-on dire d’un Coach Player Development qu’il s’appuie essentiellement sur des statistiques pour pouvoir animer des séances spécifiques?

Je pique en général quelques statistiques d’efficacité, selon les situations, mais je ne vais pas jusqu’aux analytiques, des statistiques trop poussées. Je regarde certaines statistiques pour appuyer mon discours, mais je ne veux pas en être trop inondé. Je m’appuie sur des statistiques qui peuvent se repérer dans les vidéos quand je regarde des matchs. Les images je m’en sers beaucoup, les statistiques uniquement quand c’est nécessaire, j’essaie de rester simple dans mon analyse.

Tu as aussi une société de coaching individuel pour les joueurs de basket de divers clubs en parallèle avec Montpellier aussi?

Oui, effectivement c’est quelque chose qui fonctionne surtout sur l’intersaison, donc en général sur le mois de juillet. C’est très souvent les joueurs ou parfois des agents qui me sollicitent pour le faire travailler. C’est un schéma assez classique, ça part d’abord de moi avec une analyse vidéo de voir ce que j’ai constaté auprès du joueur, ses forces et faiblesses. Ensuite, on va avoir une discussion pour déterminer un programme de travail, et c’est toujours le joueur qui a le dernier mot, parce qu’on ne peut pas le forcer à travailler des choses qu’il ne veut pas, car il essaie d’être le plus efficace possible. Je vais donner un ressenti par rapport au poste de jeu du joueur, et on va choisir deux, trois éléments, grand maximum, sur lesquels on va travailler fortement. Selon l’âge, on peut prévoir de faire des plans sur 2 ans. Il vaut mieux se concentrer sur des détails qui se travaillent rapidement plutôt que de s’éparpiller à tout faire et d’avoir un progrès marginal. Mon entrainement est très porté sur l’efficacité par rapport au rôle que le joueur va avoir dans son club; parce que l’objectif premier, si tu passes du temps sur le terrain, c’est d’être efficace dans ce qu’on va te demander, tout en développant d’autres compétences.

Karim Diop ici à gauche qui célèbre la victoire de Lattes-Montpellier en Coupe de France. (Photo Bellenger/is/FFBB)
Karim Diop ici à gauche qui célèbre la victoire de Lattes-Montpellier en Coupe de France. (Photo Bellenger/is/FFBB)

Lors de tes entrainements : plutôt adepte de tout travailler, pour faire gagner en polyvalence, ou au contraire d’insister sur un point fort, ou sur un point faible?

Non, je ne suis pas spécialement plus dans l’une ou l’autre optique… Il y a une seule réalité, c’est qu’il faut passer du temps sur le terrain pour identifier ce qui va te permettre de gagner du temps de jeu. Il y a beaucoup de joueurs déjà, comme Jérémy Nzeulie par exemple, des joueurs très confirmés, qui ont commencé parce qu’il était très bon défenseur, et ça leur a permis de passer du temps sur le terrain. Et plus tu passes de temps sur le terrain, plus tu as des opportunités pour développer et montrer d’autres qualités. C’est pour ça que j’essaie de fonctionner avec des plans à moyen terme pour montrer le chemin qu’on va construire, parce que c’est irréel de dire à un joueur qu’il va progresser en deux ou trois semaines, gagner en polyvalence et que tout d’un coup il va revenir dans son équipe, et il aura 25 minutes de temps de jeu. Bien sûr, il y a des exceptions, mais il faut avoir une stratégie pour développer les choses au fur et à mesure. Il faut la travailler sur des exercices, sur de la vidéo, pour s’adapter à de nouveaux rôles, de nouveaux postes. J’essaie d’avoir cette cohérence à chaque fois, parce que c’est vrai que dans le développement de beaucoup de postes, les demandes que l’on fait aux joueurs sont beaucoup plus importantes, car aujourd’hui les basketteurs ont énormément de qualités différentes, il est donc difficile de caractériser le rôle sur son seul poste.

Justement, quelle est la différence de développement, de travail, à réaliser individuellement entre un poste 3 et un poste 4 (ailier, ailier fort), puisque ce sont des postes qui aujourd’hui, dans le basket moderne, se ressemblent beaucoup?

C’est vrai que c’est plus compliqué, c’est des postes qui se ressemblent de plus en plus, oui. J’ai beaucoup travaillé avec des joueurs postes 3 qui deviennent des postes 4 et l’inverse également — mais le vrai «plus» que l’on a aujourd’hui, c’est que les joueurs sont beaucoup plus habiles balle en main, donc l’adaptation est plus simple. Cependant, il peut y avoir des différences sur le plan défensif, c’est pour moi la plus marquée : ça veut dire que le joueur va descendre sur des écrans, être plus poseur d’écran pour le poste 4, ou défendre différemment, ce qui implique donc plus ou moins de post-up à gérer par exemple. Mais sinon il n’y a quasiment pas de différence entre ces deux postes. Il faut être capable de faire quasiment les mêmes choses. Aujourd’hui, oui la démarcation entre les postes est plus compliquée — l’important désormais c’est ce qui va te permettre de maximiser le collectif et les qualités individuels. On a des joueurs formés avec de plus en plus de qualités, bien définis et très polyvalents, qui ont joué plusieurs postes. Par contre quand tu arrives professionnel ton rôle est plus identifié, à l’instant en début de saison où tu sais exactement ce qu’on attend de toi, ce qui rend le travail à organiser beaucoup plus simple.

« Aujourd’hui la démarcation entre les postes est plus compliquée »

Ton premier contact avec le basket s’est-il fait par le jeu, ou bien directement par le coaching?

Par le jeu bien sûr. Mais pour être franc, tout petit, j’ai commencé par le foot. Puis à l’âge de 12 ans, j’ai découvert le basket et j’ai accroché, mais c’est avant tout grâce au JO de 1992! On est les fruits de la Dream Team, ça a été le boost pour beaucoup de monde. À cette époque-là, j’ai joué, mais j’étais vraiment un joueur très moyen, j’étais poste 2-1, arrière-meneur, plutôt défenseur, dans le drive et la percussion, plus que dans le tir extérieur. Après je n’ai pas joué au niveau des joueurs que je coache aujourd’hui, mais avec l’expérience, les différents clubs dont j’ai pu intégrer les staffs, l’apprentissage, on apprend énormément au quotidien.

Tu as donc des similitudes dans ton profil avec certains des joueurs que tu coaches, est-ce que ton passé de joueur t’aide pour élaborer des programmes, les aider à progresser?

Euh un peu oui (rire), j’arrive à m’identifier dans une légère mesure avec ces joueurs-là, mais il ne faut pas oublier que beaucoup d’entre eux ont énormément de compétences, c’est juste que pour avoir des minutes, de l’importance dans l’équipe, ils ont dû adopter un rôle précis auprès de leur entraineur, là où il estimait qu’ils étaient les plus performants. Ça reste des basketteurs très complets, offensivement et défensivement, ce sont les circonstances et la demande du jeu et du coach d’insister sur une qualité spécifique. Mais je peux t’assurer qu’ils ont du ballon, ces gars.

Dans ton coaching individuel sur tes entretiens, est ce que tu vas organiser et insister sur des ateliers spécifiques du jeu sur comme le pick-and-roll ou comment se déplacer offensivement et défensivement, analyser l’adversaire, un aspect très tactique, par exemple ou vraiment sur des choses très basiques, des fondamentaux comme le shoot, travailler ses qualités de dribbles, de passes?

Pour moi il est important de contextualiser, de travailler sur certaines situations pour que le joueur soit plus à l’aise prenne des décisions plus pertinentes. Après il se peut qu’on travaille de manière dissociée, plus individualisée et à la demande du joueur sur ce qu’il a bien ou moins bien fait sur le terrain le weekend, avec des analyses vidéos. J’interviens aussi dans le travail collectif et les tactiques pour qu’on puisse me solliciter sur un aspect de l’adversaire et c’est une chance que le coach me sollicite beaucoup pour travailler tactiquement. C’est d’autant plus intéressant pour moi parce qu’après ça me donne aussi des billes pour construire mes séances de travail. Pour moi c’est vraiment important d’être capables de savoir l’orientation collective d’un adversaire et ensuite de pouvoir arriver vers le détail, voir les points forts et faibles de ton adversaire comme on est sur des défenses et des attaques très individualisé.

« Ma méthode, c’est avant tout d’éviter certains stéréotypes »

En plus de l’équipe professionnelle, tu travaillais également avec les jeunes espoir.es du club à Montpellier. Malgré la différence d’âge, d’expérience est-ce qu’il y a des similitudes sur le travail individuel à fournir, au niveau des ateliers que tu construis ou c’est complètement différent?

Il n’y a pas les mêmes attentes, la même base de compétence, mais il y a beaucoup de choses similaires que je fais avec les pros et les juniors, je gère juste le niveau d’attente, les exigences qui vont être différents. Après il y a des exercices plus difficiles à réaliser pour un joueur où une joueuse du centre de formation par rapport à quelqu’un venant du monde pro. Mais j’essaie d’avoir des tunnels dans la préparation individuelle pour qu’il puisse progresser avec des exercices qui peuvent se ressembler. Je peux demander des exercices que je vais faire faire avec des pros et je vais faire le même avec des U13. Beaucoup de jeunes ne se fixent pas de limites, ils ont une grande capacité d’adaptation, ils n’ont pas de bonnes ni de mauvaises habitudes donc ils sont extrêmement malléables. Par exemple, sur des exercices de création de tirs tout simples, de jeunes joueurs peuvent y mettre une telle implication… Ils font des trucs, des inventions, des moves qu’on ne soupçonnerait même pas en eux! Alors que certaines fois, au bout de 10 minutes avec des pros, ça peut déjà devenir extrêmement frustrant, pourtant ça leur permet de toujours travailler leurs gammes. J’aime énormément voir leurs capacités de création, ce qu’ils vont me sortir chaque jour, c’est quelque chose qu’il faut qu’on garde en eux.

On a souvent ce comparatif avec l’école serbe et l’école espagnole qui vont produire des joueurs très créatifs capables de se dépasser, très polyvalents, en France on est ce qu’on peut appeler une école «fermée», qui définit des rôles, fait travailler spécifiquement le joueur dans son rôle futur, le fait travailler tactiquement selon son poste. Je suis admiratif de la méthode espagnole ou serbe, croate qui sont des écoles qui ne posent pas de contraintes aux gamins. Ma méthode, c’est avant tout d’éviter certains stéréotypes, et de ne se fixer aucune limite jusqu’au plus haut niveau. La formation française est bien sûr excellente, quand on voit le nombre de joueurs français aux USA et en Europe dans les meilleurs clubs… Mais il faut essayer de répondre à toutes les situations de jeu et les laisser s’exprimer.

Quelles sont tes envies futures, dans le basket, avec ton académie, des choses que tu aimerais développer? Des initiatives à présenter? Tu as carte blanche!

Oui bien sûr, je suis très content de cette saison, c’était mon objectif d’avoir une place comme celle-là dans le basket professionnel, et d’aider à la progression des joueurs. Peut-être qu’une de mes envies futures, c’est de franchir l’étape d’être à plein-temps dans un staff professionnel, en tant qu’adjoint principalement — coach principal c’est énormément de stress, beaucoup de choses hors basket à gérer… Je veux privilégier le terrain, me concentrer sur ça, continuer à entrainer, et à conserver une proximité avec les joueurs. Je prends autant de plaisir à coacher des joueurs pro que des juniors. Cependant, j’ai vraiment envie de découvrir un niveau aussi élevé que ce que j’ai vécu à Montpellier. Après on verra où l’avenir me mènera, je ne me fixe pas de limite, je suis bien dans mon rôle comme technicien.

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