Hey ! What’s Clutch ?
Chez Dr. Clutch, nous aidons les joueurs à adopter une mentalité et une attitude “Clutch” face à l’adversité. Pour cela, nous avons disséqué chaque aspect du jeu pour soigner au mieux les skills inhérents à la performance en étant sous pression. Mais au fait, que signifie être Clutch ?
Dans cet article nous parlerons de l’origine du mot Clutch et de sa démocratisation dans le milieu du sport et de la performance en général. Sans oublier de le définir, le traduire et l’illustrer au mieux avec des exemples liés à notre domaine de prédilection, le basket-ball.
Définition et traduction du mot Clutch
Dérivé du vieil anglais clyccan qui signifie “rassembler, plier (les doigts), serrer”, le mot Clutch est apparu au début du 2ème millénaire. Vers la fin du XIVème siècle, il va s’animaliser en étant assimilé aux griffes d’un rapace, aussi bien pour montrer le fait de “saisir, tenir fermement” que pour illustrer la rapacité et la cruauté.
En 1814, il sera utilisé pour définir un « accouplement mécanique mobile ou dispositif de verrouillage et de déverrouillage pour transmettre le mouvement”. C’est la naissance du terme pour parler de l’embrayage qui sera utilisé pour les véhicules à moteur que l’on connaît aujourd’hui.
Apparition du mot Clutch dans le sport
Bien que le basket ait été inventé en 1891 par James Naismith, ce n’est qu’au début des années 1920 que le mot Clutch se retrouve associé au sport. Bien plus populaire que le basket-ball à l’époque, son cousin, le base-ball, voit apparaître l’utilisation du mot Clutch dans les commentaires sportifs pour parler d’un “acte héroïque” et bien souvent “décisif” à un moment clé du match.
Les définitions sont multiples pour décrire ce que représente une action ou un joueur clutch puisque soumis aux jugements de celui qui emploie l’expression.
Cependant, nous pouvons nous accorder pour dire qu’être Clutch signifie « être décisif dans un moment clé, souvent dans les dernières minutes, secondes d’un match aussi appelées Money Time ou Clutch time« . Le mot Clutch peut être associé à une action ou à un joueur. Par ailleurs, il n’est pas forcément lié à une action offensive, il peut aussi être utilisé pour décrire une action défensive ou un coaching gagnant.
Utilisation du mot Clutch au basket?
La démocratisation du mot Clutch dans le sport n’est pas seulement associée au basket, bien que l’expression se retrouve souvent dans les actualités de la balle orange. Plusieurs sportifs professionnels se sont vus attribuer le surnom Mr. Clutch durant leur carrière et deux se sont distingués dans le basket-ball : Jerry West et Sam Jones. Ce dernier est malheureusement décédé et laisse derrière lui tout un héritage. Ils ont tous les deux joué à la même période, le premier en 1960 chez les Minneapolis Lakers qui deviendront par la suite les Los Angeles Lakers que l’on connaît, le second commence sa carrière NBA chez les Celtics de Boston en 1957. Deux joueurs et deux franchises historiques et rivales, qui, pour rappel, sont les deux plus titrées de l’histoire de la NBA. Plutôt une belle entrée en matière dans le basket-ball pour notre mot préféré non?
Sam Jones a gagné pas moins de 10 titres NBA durant sa carrière et le tout en 12 saisons seulement ! Il figure toujours deuxième derrière Bill Russel au classement des joueurs les plus titrés. Sa particularité ? Jones avait une moyenne de points plus élevée en playoffs qu’en saison régulière (18.9 points par matchs contre 17.7 points). Ce n’est pas un coup de chance : avec 154 matchs de postseason en carrière, Jones à démontré son attitude clutch dans des matchs à enjeux. Ses performances, combinées à ses nombreux shoots décisifs pour permettre aux Celtics de bâtir leur légende, lui ont valu le surnom amplement mérité de Mr. Clutch.
Vous l’aurez compris, Sam Jones ayant joué à la même époque que Jerry West, ce dernier n’a jamais pu approcher son nombre de titres. En 14 saisons NBA, il a tout de même joué 9 finales de championnat pour un seul titre, les six premiers ayant été perdus contre… les Celtics de Sam Jones. Alors West n’a peut-être pas le même palmarès mais vous vous doutez bien que pour devenir le logo de la NBA (il est aussi surnommé Mr. Logo depuis), il était un joueur tout aussi fantastique.
Il s’est en effet illustré pour avoir la moyenne de points la plus élevée sur une série de playoffs avec 46.3 points en 1965 en finale de conférence contre les Bullets de Baltimore. Sur les six matchs de la série gagnée 4-2 il inscrit dans l’ordre 49, 52, 44, 48, 43 et 42 points ! Pour vous donner une idée, le record tient toujours et le seul à s’en être approché est un certain Michael Jordan avec 45.2 points de moyenne en 5 manches lors des playoffs de 1988 opposant les Bulls de Chicago aux Cavaliers de Cleveland. Au passage, His Airness complète à lui seul le top 5 de ce classement des plus grandes moyennes de points sur une série de playoffs. West s’est aussi illustré avec des shoots décisifs en fin de match. On retiendra celui pour l’égalisation en 1972 lors du game 3 des finales, les Lakers perdent alors de 3 points contre les Knicks à 3 secondes de la fin du match et West plante un shoot de son camp pour égaliser.
Pour la petite histoire c’est Chick Hearn, le légendaire speaker des Lakers (qui a donné naissance à de nombreuses expressions de basket encore utilisées aujourd’hui) qui surnomma pour la première fois Jerry West, Mr. Clutch. Force est de constater qu’il a été, une fois de plus, bien inspiré.
D’où vient le mot Clutch?
Il est amusant de relever les liens entre les expressions courantes dans le sport et l’origine du mot Clutch. Poser sa patte sur le match, marquer le match de son empreinte, saisir son adversaire à la gorge, passer la première ou même appuyer sur l’accélérateur sont autant d’expressions qui ramènent aux origines de ce mot.
La meilleure réponse se trouve sûrement dans le poème de William Ernest Henley, Invictus, qui signifie en latin “invaincu, invincible, dont on ne triomphe pas”. Le mot Clutch apparaît dans ce poème. Même si son sens n’est pas sportif, le clin d’œil est quand-même intéressant quand on connaît la traduction du titre et l’histoire du poème. L’auteur l’a écrit à l’hôpital suite à l’amputation d’un pied, tel un hymne de résistance à la douleur, que l’on imagine tant mentale que physique. Le vers le plus connu est le suivant :
I am the master of my fate,
I am the captain of my soul
William Ernest Henley – Invictus
Que l’on pourrait traduire par :
“Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme”
N’importe quel joueur devrait en faire sa maxime, lors de son entrée sur le terrain, après un dernier temps-mort visant à définir le système qui va lui permettre de se libérer pour tenter un game winner au buzzer.
Si l’on remplace les thématiques de la souffrance/douleur et de la mort par celles de l’adversité et de la peur de la défaite, on obtient un parallèle intéressant avec notre sujet du jour.
Vous l’aurez remarqué, le mot Clutch fait partie intégrante de notre identité. De plus en plus utilisé dans le monde du sport, il nous semblait important de revenir aux origines de cette expression.
